La presse de Carmen Acte II Rock Soul Opéra


La Fleur Musique

 

Dans le cadre du festival de formes courtes théâtrales "mises en capsules", au Ciné 13 Théâtre, Alexis Michalik (adaptation et mise en scène) et PAD (arrangement et composition musicale) proposent une décapante adaptation "Rock n’ Soul" de l’Opéra de Bizet, avec une vingtaine de chanteurs, danseurs, acteurs et musiciens, dont Julie Zenatti & Christophe Mali (Tryo).

 

Le spectacle commence des l’extérieur de la salle, alors que nous pénétrons dans le cabaret de Lilas Pastia (le remuant Youseff Hajdi), accueillis par des serveuses particulièrement jolies, et attentive au public masculin (ce sont les choristes), Carmen (Julie Zenatti) et ses copines sont déjà dans la salle, (arrangé en cabaret, avec tables et petites lampes) ainsi que bon nombre des acteurs. Le groupe attaque une petite intro inspirée de l‘ouverture de carmen, Pastia chauffe la salle, et le spectacle commence vraiment avec un Zuniga aviné (Christian Mulot, convaincant) qui réclame une chanson, que Carmen nous offrira (il s’agit des tringles des sistes tintaient revisité en chanson de cabaret, et finissant en rock endiablé…). Le caneva du spectacle suit vraiment l’acte 2 de Carmen, à quelques adaptations prêts : les contrebandiers (Kova réa et Julien Plantier, tous deux excellents) sont funky en diable et semblent tout droit sorti de Shaft, le Torréador (Antoine Lelandais, survolté) est une star du foot, qui rend les filles hystériques, etc. Les costumes et la musique sont plutôt sixties, ou seventies, sans que cela ne soit trop mécaniquement transposé. Un des points fort spectacle, c’est qu’il se passe toujours quelque chose sur scène, les acteurs sont mêlés au public (invité à danser par les serveurs, et plus généralement participer), ou l’inverse, l’ambiance est garantie. Les chorégraphies (de Nitya Fierens) sont simples mais efficaces. Les chanteurs jouent vraiment plutôt bien la comédie. Il y a des moments assez drôles, sans être caricaturaux. La bonne surprise vient en particulier de Julie Zenatti, très convaincante, qui plus est dans un style de musique radicalement opposé à son genre habituel. Le pari de cette adaptation c’était le choix - contrepied évident - de Christophe Mali dans le rôle de José, parmi tous ces chanteurs avec des voix puissantes, on aurait pu craindre qu’il essaye de pousser sa voix, et perde son timbre si particulier. Au contraire, sa version de la fleur que tu m’avais jetée (habituel morceau de bravoure du ténor) est tout en douceur et en finesse, avec des moments presque parlés, un arrangement astucieux de PAD (guitare électrique/ violoncelle), et un final de guitares à la radiohead très efficace. José redevient vraiment un looser sympathique, bientôt berné par Carmen, qui lui préférera dans les actes suivants le flamboyant torréador.