par le Collectif Hic et Nunc
Lisbonne, le 7 août 1932
Pessoa est seul. Au sol, face à lui, Caeiro mort. « Le maître » se lève laissant au sol l'empreinte de son corps. Il se couchera à nouveau dans sa trace à l'issue de la pièce. Entre ces deux images, le rêve éveillé d'un instant, où le public revit, avec Pessoa, le chemin intérieur de la création des trois hétéronymes, jusqu'à la mort du Maître.
Caeiro allongé au sol, une légère brume survole le Tage en ce matin d’été, les rues du port s’animent à l’arrivée des paquebots blancs. Fernando Pessoa possédé par sa création, compose son grand théâtre d’ombres derrière les murs de sa chambre. Il s'invente une famille, des personnages divers aux personnalités contrastées : ses hétéronymes. Les vies multiples qu’il engendre l’embrasent, l'envahissent. Comme des insurgées autonomes, elles crient leur mélancolie, leur ivresse, leur solitude et ordonnent à la vie pour prendre forme humaine.
La nuit est chaude ce soir, et, comme l’air brûle. Le poète n'est plus que fièvre, jeu multiple et les vies qu'il s'invente se projettent sur le murs de la ville: Alvaro de Campos, Ricardo Reis et leur maître, Alberto Caeiro, que le poète convoque pour une ultime veillée familiale. Alberto Caeiro, leur maître à tous est mort. Les mots se pressent sur leurs lèvres, ils se livrent, tonitruants ou à voix basse, comme pour se débarrasser d’un obscur secret, régler leur compte avec leur créateur qui les attend au détour de l’imprévisible dernier vers. Alberto Caeiro, vient de mourir par la volonté de son auteur, Fernando Pessoa. La violence de cette perte réveille chez tous ses hétéronymes les tumultes de leurs vies entrecroisées. Fruit de l'imagination du poète, ses hétéronymes se confrontent et s'interrogent dans un tourbillon, un maelström où le poète emporté, possédé, ne trouve plus sa place.
Presse
(...) « Ce qu’il y a de plus tentant pour un homme de théâtre, c’est de faire dialoguer entre eux les hétéronymes sur scène. La dernière tentative réussie dans ce domaine, c’est la pièce entièrement composée de textes de Pessoa, dont les personnages sont les hétéronymes, par Stanislas Grassian, sous le titre de Mort d’un hétéronyme, ... »
Martine Piazzon
(...) « Dans une représentation théâtrale accessible à tous, même néophytes de l'oeuvre de cet auteur, Stanislas Grassian donne envie de le lire, ou le relire, ce qui n’est pas le moindre de ses mérites. Par une scénographie inventive, poétique, grave et ludique, entre conte fantastique et délire onirique, Stanislas Grassian cerne le territoire de l’imaginaire de Pessoa avec un sens aigu de la dramaturgie.. »
Robert Bréchon
« Fernando Pessoa Le voyageur immobile »
Edition Aden
Collection le cercle des poètes disparus